Jean-Pierre Mpandi, mieux connu sous le nom de Kamuina Nsapu, était un chef coutumier du clan Bajila Kasanga, dans la province du Kasaï-Central (RDC). En 2016, il s’est opposé à l’autorité de l’État central et à la présence de forces de sécurité dans sa région. Le gouvernement a refusé de reconnaître officiellement sa chefferie, provoquant des tensions grandissantes.

Le 12 août 2016, Kamuina Nsapu est tué lors d’un raid militaire à Tshimbulu, dans le Kasaï-Central. Sa mort déclenche une violente insurrection menée par ses partisans. Ils se font appeler les miliciens Kamuina Nsapu et attaquent postes de police, bâtiments publics, écoles, et églises. Le mouvement gagne rapidement d’autres régions, notamment le Kasaï, le Kasaï-Oriental, le Sankuru et le Lomami. Les miliciens recrutaient parfois de force des enfants, leur faisaient porter des amulettes et des gris-gris censés les protéger des balles.

Le gouvernement congolais réagit en déployant l’armée (FARDC) et en soutenant des milices locales rivales comme les Bana Mura. Les affrontements dégénèrent : exécutions sommaires, massacres, fosses communes. Selon les Nations Unies, plus de 3 000 civils ont été tués et 1,4 million déplacés.

Parmi les victimes les plus médiatisées, deux experts de l’ONU, Zaida Catalán et Michael Sharp, ont été assassinés en mars 2017 alors qu’ils enquêtaient sur les violations des droits humains dans le Kasaï. Leur mort a provoqué une indignation internationale.

Au second semestre de 2017, grâce à la médiation de l’Église catholique, de la MONUSCO (Mission de l’ONU) et à un apaisement militaire, plusieurs factions Kamuina Nsapu déposent les armes. Le gouvernement congolais met en place un programme de démobilisation, réintégration et réconciliation locale. Certaines figures de la rébellion sont arrêtées, d’autres sont cooptées politiquement. Mais la justice peine à poursuivre les auteurs des crimes les plus graves.

Aujourd’hui encore, les stigmates de ce conflit demeurent dans les provinces du Kasaï. Les victimes attendent justice et réparation. De nombreux déplacés internes vivent dans la précarité, et l’État tente de restaurer l’autorité publique dans les zones jadis sous contrôle rebelle.

En avril 2017, la Radio Communautaire Satellite du Kasaï, située à Mayi Munene, à 45 km de Tshikapa, a été attaquée par des miliciens se réclamant du chef Kamuina Nsapu. Le 14 avril, une vingtaine de miliciens ont fait irruption pendant une émission en direct, ordonnant au journaliste Yves Beya d’interrompre son programme. Ils ont fouillé les locaux, cherchant des photos du président Kabila, et menacé le journaliste de mort. Le lendemain, ils sont revenus pour incendier la station.

Peu après cet incident, Charles Tontodi, propriétaire de la station, a été assassiné. Cet acte a marqué un point culminant de la répression contre les médias dans la région du Kasaï, déjà plongée dans un climat d’insécurité intense.

Articles
PAR RÉGION :
  • Afrique : RDC — Insurrection de Kamuina Nsapu, crise électorale prolongée (2016-2017), violences au Kasaï.
  • Amériques : Venezuela — Émeutes anti-Maduro, crise politique et économique (2016-2017).
  • Asie et Pacifique : Myanmar — Début des persécutions contre les Rohingyas, montée des tensions en mer de Chine.
  • Europe et Asie centrale : Turquie — Coup d’État manqué (juillet 2016), répression politique massive.
  • International : Montée des populismes, crise migratoire et repli sécuritaire dans plusieurs régions.
  • Moyen-Orient et Afrique du Nord : Syrie, Irak, Yémen — Conflits prolongés et interventions internationales.
SUR LES ENJEUX :
  • Accès à l’information : Restrictions croissantes en RDC, fermetures de médias indépendants au Burundi.
  • Attaques : Journalistes tués au Kasaï et en Turquie, agressions ciblées contre les médias critiques.
  • Censure : Suspension de radios communautaires en RDC, contrôle accru des médias en Égypte.
  • Droits numériques : Coupures d’internet en RDC lors des manifestations en 2016 et 2017.
  • Genre et diversité sexuelle : Répression des minorités sexuelles dans plusieurs États d’Afrique et d’Asie.
  • Impunité : Crimes non poursuivis au Kasaï, assassinats de journalistes restés impunis.
  • Intelligence artificielle : Sujet émergent, peu débattu en Afrique centrale à l’époque.
  • La libre expression et la loi : Lois liberticides adoptées dans plusieurs pays africains en 2016-2017.
  • Liberté de réunion : Manifestations interdites à Kinshasa et Lubumbashi, usage excessif de la force.
Radio Communautaire Satellite du Kasaï

La Radio Communautaire Satellite du Kasaï, située à Mayi Munene à 45 km de Tshikapa, était un média local essentiel pour informer la population sur les enjeux sociaux, éducatifs et civiques de la région. Elle servait également de relais pour la sensibilisation sanitaire, les droits humains et les campagnes de paix dans une région marquée par les conflits.

Fondée et dirigée par Charles Tontodi, elle fonctionnait avec des ressources limitées mais un engagement fort envers la communauté. Elle était l’une des rares sources d’information indépendante dans la zone. Son rôle était reconnu à travers des partenariats communautaires et des collaborations avec des ONG locales.

Contexte régional et climat de violence (2016-2017)

Entre 2016 et 2017, les provinces du Kasaï ont été profondément marquées par l’insécurité due à l’insurrection de Kamuina Nsapu. Des dizaines de localités ont subi des attaques de miliciens, accompagnées d’exécutions sommaires, de destructions d’infrastructures, et de déplacements massifs de populations. L’accès à l’information était réduit, et les journalistes travaillaient dans des conditions extrêmement dangereuses.

Des rapports d’organisations internationales comme Human Rights Watch et des missions de l’ONU ont documenté ces violences, incluant des charniers, l’utilisation d’enfants soldats, et des attaques ciblées contre des écoles, églises et radios. Dans ce contexte, plusieurs stations de radios communautaires ont été attaquées, et certains journalistes ou propriétaires ont été menacés ou tués.

Nos soutiens

Organisations locales des droits humains : Collaboration dans la diffusion d’émissions éducatives.

JED – Journaliste en danger : Organisation congolaise de défense de la liberté de la presse.

Fondation Hirondelle : Soutien aux médias communautaires en zones de crise.

MONUSCO : Appui logistique à la sécurité des journalistes et infrastructures locales.

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