Sous une chaleur étouffante, symbole d’une ferveur collective palpable, la salle du Barreau de Kananga a vibré, le samedi 5 avril, au rythme du 4e Festival Grand Kasaï. Organisé par le Centre Culturel de la Jeunesse (CCJ), cet événement a une fois de plus transformé l’espace public en une arène d’expression, de créativité et de réflexion stratégique autour d’un thème fédérateur : « Une paix durable pour un Congo meilleur ».

Créé en 2020 dans une région souvent marginalisée, le CCJ a su imposer son festival comme un levier d’émancipation, loin des clichés misérabilistes. Ici, pas de simples animations folkloriques, mais une plateforme d’éducation citoyenne, où les jeunes du Grand Kasaï réinventent leur rôle dans la construction nationale.

L’édition 2024 a été marquée par une affluence record : élèves, artistes, intellectuels et officiels se sont empressés pour assister à une programmation audacieuse mêlant concours d’éloquence, joutes mathématiques, performances artistiques et débats politiques.

Le ministre provincial de l’Éducation nationale, Jeunesse, Culture et Arts, Honoré Mutshipayi Balowe, a ouvert les festivités par un plaidoyer sans détour : « Nous émettons le vœu de voir ce festival devenir un rendez-vous incontournable pour soutenir les efforts des FARDC, des Wazalendo, et surtout pour promouvoir le talent de notre jeunesse. La culture n’est pas un divertissement secondaire, c’est un outil de cohésion et de résilience. »

Un message qui résonne dans une région encore marquée par des défis sécuritaires et socio-économiques, mais où la jeunesse refuse d’être réduite au statut de victime passive.

Derrière cette réussite, une équipe déterminée, menée par Me Alexandre Tshiama Mamba, coordonnatrice du CCJ. Dans son allocution, elle a salué l’engagement des partenaires institutionnels et militaires, tout en rappelant l’urgence d’investir dans l’avenir. « La jeunesse n’est pas un slogan, c’est un projet de société. Ce festival en est la preuve : nous formons, nous inspirons, nous unissons. », a-t-elle déclaré.

Le festival ne se limite pas à une journée de festivités. Dès le 12 avril, des éliminatoires seront organisées dans plusieurs disciplines, avec une finale prévue le 30 juin, date symbolique en RDC. Au programme : Débats sur la cohésion nationale ; Lutte contre les mariages précoces ; Promotion du leadership féminin et Concours scientifiques et littéraires.

Ce qui frappe, dans cette édition, c’est l’absence de fatalisme. Les participants ne se contentent pas de réclamer un avenir meilleur – ils le construisent. Que ce soit à travers un poème dénonçant les violences communautaires, une équation résolue en direct, ou un chant appelant à l’unité, chaque performance est un acte politique.

Le CCJ l’a compris : la culture est un champ de bataille. Et dans le Grand Kasaï, cette bataille se gagne avec des idées, des mots, et une conviction inébranlable. La jeunesse n’est pas seulement l’avenir du Congo, elle en est déjà le présent.

Sources:

digitalcongo

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